22 de julio de 2023

Un documento a considerar sobre la realidad política española en un momento decisivo de su historia

 Incluyo aquí, en su totalidad, este artículo que considero muy interesante para analizar e interpretar el momento político que vine España con  motivo de las elecciones generales del 23 de julio de 2023. El concepto de "detransición", que implica la posibilidad de un cambio radical en sentido regresivo con los impactos socio-espaciales que ello pudiera conllevar, justifica la pertinencia de traerlo a colación. 

Ha sido publicado el 20 julio de 2023 en 

https://aoc.media/analyse/2023/07/19/espagne-la-detransition-en-10-lecons/


Espagne : la détransition en 10 leçons

GÉOGRAPHE

Ce dimanche 23 juillet se tiendront en Espagne des élections générales, provoquées par le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez suite au raz-de-marée conservateur qui, le 28 mai, emportait la plupart des villes et régions lors des municipales. Sur 53 capitales provinciales, au moins 33 sont désormais dominées par le Parti populaire, parfois avec l’extrême-droite. Élues en 2015, les « municipalités du changement » ont soldé la crise… et ouvert un nouveau cycle.

25 mai 2015 – 28 mai 2023 : ces dates encadrent les deux mandats de quatre ans au cours desquels s’est déployé un néo-municipalisme à l’espagnole. Des plates-formes citoyennes adossées à des majorités progressistes ont pris les rênes de nombreuses villes en promettant de tout changer[1]. Une partie de ces équipes ont été remerciées dès 2019, le reste des équipes a disparu fin mai dernier.

Cette débâcle suit de peu la défaite de la gauche municipale grecque de 2019, qui a préparé l’arrivée de la droite aux élections générales de 2023. Même alignement en Italie où les récentes consultations municipales annonçaient l’avènement de Georgia Meloni. L’Espagne donc, comme ailleurs, se droitise. Le paysage politique se clive. Le Parti populaire, conservateur et libéral, gouverne villes et régions avec le parti d’extrême-droite Vox, peut-être même poursuivra-t-il cette alliance au sein du gouvernement central (on le saura aux élections générales avancées au 23 juillet prochain). Le Centre (parti Ciudadanos) s’est vaporisé. La social-démocratie, incarnée par le PSOE, traverse un trou d’air même si Pedro Sanchez, présent aux manettes depuis 2018, matraque son bilan : plusieurs lois sociales et une croissance qui caracole à +5,5 % en 2021 et en 2022.

À la gauche de la gauche, les plateformes citoyennes de 2015 et 2019 ont visibilisé, institutionnalisé, expérimenté des agendas de rupture avancés par des groupes écologiques, communistes, alternatifs, anarchistes, régionalistes, parfois indépendantistes (catalans et basques). Elles ont administré la vie quotidienne de 6 millions d’habitants (si on compte les villes où elles ont gouverné en propre) et même 9 millions (si on compte celles qui ont participé à des majorités intégrant des partis réformistes de gauche dont le PSOE). Faire leur bilan, par ailleurs positif sur des dossiers majeurs (logement social, participation, protection de l’environnement…), est sans doute moins intéressant que comprendre pourquoi elles sont aujourd’hui dépassées, rejetées.

L’heure de la détransition

L’été 2023 marque la bascule vers une « détransition » espagnole. Attention, le terme transition est chargé, il s’entend de deux façons. Avec une majuscule, il désigne la période qui suit immédiatement la mort de Franco et qui fonde les institutions démocratiques. Sans majuscule, il décrit le passage d’un système de production-consommation fondé sur les énergies fossiles vers un autre censé rendre notre futur vivable malgré les menaces globales. Pourquoi relier les deux termes ? Parce que l’échec d’un mouvement demandant de changer la politique par le bas nous convainc qu’elle se fera de plus en plus par le haut (et pas qu’en Espagne, malheureusement). Pour revenir à ce laboratoire démocratique espagnol trop peu étudié, cela nous dit quelque chose du chainage entre une Transition politique inachevée (hier) et une transition écologique confisquée (demain).

L’un des fils qui unit ces deux bouts de la chaine, c’est Vox. Le parti de Santiago Abascal porte certes des discours très actuels (la haine des migrants) mais il montre combien les électeurs sont séduits par l’idée d’un gouvernement fort qui monte de tous côtés dans nos démocraties fragiles. Des institutions multilatérales aux États, la « bonne gouvernance » glisse vers d’autres vocables : gouvernance efficace, robuste, puis… forte[2]. Cela va très bien au Parti populaire (PP, droite) qui retrouve ses fondamentaux franquistes : moins d’autonomie et de partage de la décision et plus d’encadrement – la famille par le père, la communauté par le notable et l’économie par les corporations d’entrepreneurs (parlez aujourd’hui « d’écosystèmes entrepreneuriaux », cela fait plus actuel…).

Et quand Vox « prend » les conseils municipaux et régionaux avec le PP, le backlash (virage à 180°) se voit tout de suite. En Andalousie, les grues construisent des hôtels de luxe avec golf dans des zones où il n’y aura plus d’eau potable en quantité suffisante. Dans le Levant, les édiles couvrent l’agro-industriel qui fore des puits d’irrigation dans des parcs naturels. Sur les plateaux de Castille et de Mancha, les nouveaux moulins de Don Quichotte (plutôt des éoliennes) et des panneaux photovoltaïques prolifèrent, puisque l’agriculture secano est condamnée par le changement climatique. À Madrid, même pas besoin de Vox. Finie la lutte contre la pollution de l’air, on relance les autoroutes urbaines et on efface la peinture à peine sèche des pistes cyclables.

Bref, mairies, régions, et peut-être bientôt le gouvernement, inaugurent un nouveau cycle de bétonnisation et de prédation des ressources, dans un cadre parfaitement compatible avec les mots décarbonation, digitalisation, innovation, etc. Sous la surface de ce retournement, on pointe dans cette étude d’étranges traits de continuité entre ces municipalités du changement et ce qui s’annonce. On met à jour deux courants souterrains, l’un du côté des idées et des manières d’agir, l’autre du côté des instruments et des contenus de l’action.

Le néo-municipalisme : cinq étapes pour mettre la ville sur les nerfs

Retour en arrière. 25 mai 2015. Cela fait quatre ans qu’une jeunesse indignée (grâce au petit livre du français et résistant Stéphane Hessel) a pris la Puerta del Sol. Cela fait presque trois ans que le jeune Pablo Iglesias secoue la sphère politique avec Podemos et renvoie dos à dos les deux partis de gouvernement, PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol) et PP. À partir de 20 heures, des foules euphoriques envahissent des mairies, chassant symboliquement un Parti populaire qui les a dirigées pendant dix, vingt, voire vingt-cinq ans d’affilée. Les deux lettres PP, ce soir-là, évoquent un double scandale.

D’abord, PP = corruption. Gürtel, Taula… la presse bruisse de ces réseaux tentaculaires. Les juges détricotent des montages financiers rocambolesques qui remontent souvent vers la rue de Gênes (siège du PP) et vers son trésorier à moustaches (El Bigote).

Ensuite, PP = contention budgétaire aussi néfaste que douloureuse. Cela fait déjà trois ans que Mariano Rajoy, chef PP du gouvernement (2011-2018) applique docilement la règle européenne des 3 % de déficit public, celle qui retarde la reprise et rince une classe moyenne qui glisse vers le mileurisme (des salaires à mille euros en CDD dans le meilleur des cas). Le lien avec les villes est direct. Rajoy, quasiment sous tutelle de Bruxelles et de Standards&Poor, a mis les collectivités à la diète et les services publics locaux à l’os. Les listes municipales OVNI de 2015 ont promis la rupture. Mais pour quel changement ?

Le terme de changement s’impose pour les nouvelles équipes. Il saute aux yeux. Ces élus locaux portent des jeans, prennent le métro et parlent haut, ils multiplient les signes (vélo en tout lieu et place, arc-en-ciel LGBTQIA+ en bandoulière). Non, ils sont la politique devenue jeu de signes. Des héros apparemment modestes, mais que Roland Barthes aurait sémiotisés avec délectation. Avec eux, l’arène locale devient, encore plus qu’avant, une scène et l’élu local un perfomer. Une belle ligne de continuité apparait avec la « caste » tant conspuée par Podemos, même si elle préférait les sacs Vuitton et les berlines rutilantes. De toutes façons, pourrait-on rétorquer, il faut bien que le changement se voie ; et attendre que sortent de terre des infrastructures urbaines qu’il aura fallu planifier et financer, c’est long…

La crispation (terme consacré outre-Pyrénées) s’impose dès l’installation des équipes. Le clash n’est jamais un objet collatéral, c’est un moyen et aussi une fin qui a des avantages pour ces municipalités (maintenir de l’audience publique, resserrer les bases). Prenons l’exemple de la gestion de la voirie, un sujet technique et ennuyeux, mais absolument central dans la vie locale : l’élu signe des autorisations d’utilisation du domaine public (terrasses de café ou stationnement). Il y a une manière technocratique de le faire, et il y a une manière « donneuse de leçons ».

Pour changer, comme dit Foucault, il faut bien conduire les conduites. Les élus du changement lancent par exemple une foule d’opérations de piétonnisation. Pourtant, il serait paradoxal de les considérer comme des démarches de pacification. L’apaisement du trafic rejoue indéfiniment une guerre culturelle, la reconquête dont Éric Zemmour n’a donc pas la paternité, et qui sévit aux deux extrêmes du paysage politique espagnol. Les municipalités posent l’équation : civilité (respect de règles de vie en communauté) – civisme (normes de comportement propre au « bon » citadin) – citoyenneté (participation à une communauté politique). Résultat, le bourgeois en SUV a moins de droit de cité que le bobo qui habite en centre-ville et prend le tram. Monsieur tout-le-monde qui bouchonne aux entrées de ville (travaux de pistes cyclables et trottoirs plus larges pour les micromobilités innovantes, comprenez trottinettes & co), rate ses rendez-vous et fulmine.

L’assembléisme : ferveur puis fatigue

Durant quatre et parfois huit ans, ces villes espagnoles gouvernées dans un climat franchement hystérique parce que volontairement sur-politisé pour saturer l’espace public local de signes peinent à cacher les failles de plus en plus profondes au sein de leur base. Celle-ci, idéologiquement, assemble de sensibilités plurielles (héritage des luttes locales (post)franquistes, anarcho-syndicalisme, mouvement libertaire okupa, zapatisme, revenants des sommets de la terre de Porto Alegre et hérauts des agendas 21). Réformisme et radicalité s’affrontent durement.

Pour mesurer la difficulté (et l’utilité) de constituer ces assemblées, citons l’Assemblea de Barris per un Turisme Sostenible : trente entités barcelonaises, des groupuscules de jeunes catalans indépendantistes qui commencent à incendier des bus remplis de touristes et leurs voisins, parfois migrants récents, que la crise a mis au chômage et qui ont mis une chambre de leur logement en Airbnb. On imagine l’ambiance… Un postulat, cependant, soude un temps ces mouvements : la participation. À travers l’« assembléisme » comme mode de gouvernement, ces municipalités imaginent garder le soutien fervent de cette première nuit de liesse et espèrent que le citoyen fasse remonter ses choix et s’investisse. D’accord, mais il y a un pas (on dira même une usine à gaz) entre l’organisation de groupes de parole de quartier et le montage de systèmes assembléistes à l’échelle de villes millionnaires comme Madrid, par exemple (vie et mort démocratique de la plateforme citoyenne Madrid decide).

Le nom marea atlantica adopté par la municipalité du changement de la Corogne est bien trouvé : il y a eu flux et reflux. Surtout quand les collectifs militants, pour exister, se sont engagés dans un jeu (à somme nulle) de coopération/résistance avec les élus du changement, lesquels étaient bien obligés de légiférer, de planifier, bref d’institutionnaliser. Exemple, le logement. La plate-forme qui s’opposait aux évictions de locataires a pris tout de suite ses distances avec la maire de Barcelone Ada Colau. Celle-ci a regardé ailleurs pour tenter de construire un service public du logement : bras de fer avec l’administration et les promoteurs. Il lui fallait néanmoins des activistes compatibles avec un mode de travail concret, afin, par exemple, de justifier de nouvelles formes d’habitat (plus intergénérationnel, plus solidaire, plus convivial…). Mais les activistes n’aiment pas voir ces pratiques transférées vers des quartiers où elles n’ont ni ancrage ni relais.

Néo-municipalisme et transition en cinq clés : bienvenue dans le nouveau capitalisme urbain

Même si elles s’y opposent de bonne foi, il y a eu depuis le milieu des années 2010 un nouvel état dans les villes espagnoles. Surtout dans celles gouvernées par les municipalités du changement. C’est pour continuer à tenir ce fil de la culture de l’action politique dans le temps présent (discours, modes d’êtres, imaginaires) et pour continuer aussi à regarder ce moment-là avec l’avant et avec l’après que je pose ces arguments pas à pas. Oui, grandes adeptes du care, ces municipalités du changement ont « réparé » des villes et des segments de la société espagnole meurtries par les années de crise. Mais elles ont aussi accompagné une renaissance, elles ont fait le lit d’un nouveau cycle de croissance parce qu’elles étaient aux premières loges du moteur de la croissance : la ville. Certes, la thèse vaut dans d’autres contextes en Europe mais elle est d’autant plus efficace que l’Espagne n’a jamais connu de révolution industrielle. La création de valeur y a un moteur, la rente foncière, et une modalité, la spéculation.

Avec son Plan de Quartiers (Pla de Barris) voté en 2016 et son Conseil consultatif, Barcelone est allée sans doute le plus loin dans la création d’une juridiction nouvelle (on dirait chez nous un énième étage de millefeuille). Cela résonne avec une certaine idée de l’urbanité comme juxtaposition organique d’écosystèmes. Le quartier n’est pas un zonage, c’est un objectif : l’entité vise l’empowerment pour faire fructifier des communs. Encore une tentative pour solidifier cette base électorale qui file entre les doigts. À l’appui, l’imaginaire d’une ville à quinze minutes qui plaît tant. Les métropoles ne sont finalement qu’un agrégat de villages (Xavière Tiberi me l’avait dit mot pour mot il y a trente ans, quand descendant de ma soupente de khâgneuse, je l’ai croisée au coin de la rue Mouffetard). Les municipalités du changement veulent – ou annoncent – une concaténation de polarités animées mais apaisées, piétonnes mais accessibles, commerçantes mais pas bondées, touristiques mais respectueuses de l’habitant…

Au-delà de l’oxymore, l’urbs (unité spatiale) et la polis (unité politique) léguées par les Grecs ont éclaté. Les promoteurs surfent sur une ville nodulaire (quelques pôles d’intensité dans un désert monofonctionnel) et modulaire (saupoudrez de tiers-lieux et de hubs multimodaux). Ils font donc comme les élus (mais ils ont plus de moyens et d’agilité) : ils créent l’acceptabilité micro-locale via des partenariats (philanthropie, referendums ciblés) et l’habitant de base se fait répondre la même chose : si vous n’habitez pas là, ce dossier ne vous concerne pas.

On pourra rétorquer que les municipalités du changement se sont retroussé les manches pour prendre enfin en charge des problèmes publics criants quand les équipes précédentes (notamment PP) pensaient « éléphants blancs » (musées, gare à grande vitesse, rien en-dessous du demi-milliard d’euros.) Leur idée fixe : mettre la ville sur la carte mondiale. Lancer beaucoup de petits chantiers quand les mégaprojets sont gelés par une crise prolongée n’est pas condamnable. De toute façon, pas le choix. Les opérateurs financiers (banque publique de défaisance SAREB, grandes banques espagnoles comme Santander, fonds de pension) digéraient les déroutes immobilières pré-crise et tout un cortège de cités fantômes. Et pas besoin d’éléphants pour dessiner des cartes : on a juste changé leurs référents et elles ont bien usé le slogan Copenhaguenize ! (encore une occasion de laisser l’Espagnol moyen rêveur).

Surtout, les maires du changement ont rarement pu désamorcer les bombes spéculatives dormantes. Trois pistes d’explication. D’abord l’humanisme (mal placé). On se rappelle une Manuela Carmena touchante quand, face à un aréopage de ministres et de banquiers, et à propos de la rénovation d’une friche de 350 hectares valorisés 16 milliards d’euros, celle qui est encore maire de Madrid recommandait de mettre un piano dans l’une des gares prévues. Ensuite, la technicité. Le droit des sols, l’asset management et la titrisation sont des matières que des élus-citoyens ne maîtrisent pas toujours, tandis que les promesses de milliers de logements et d’emplois induits font toujours effet sur les masses. Enfin, les outils de planification municipaux (l’équivalent de notre plan local d’urbanisme) sont hors course. L’essentiel (droits de propriété et coefficients d’occupation des sols) sont gelés et sortis de longue date de ce parcours juridico-réglementaire là. Et les leviers financiers publics sont dans d’autres mains.

« Il ne s’agit donc pas d’un problème de compétences, mais de volonté politique » écrit l’ancienne maire de Barcelone Ada Colau en 2012 (Vidas hipotecadas, p. 140). Hélas, hélas. Ni elle, ni ses confrères n’ont voix au chapitre de la financiació(les réunions politico-technocratiques où sont négociées les dotations étatiques aux administrations autonomiques en charge des compétences clés : planification, économie, social, santé, éducation, environnement, culture, etc.). Quatre ou huit ans après l’épisode néomunicipaliste, l’association des élus locaux espagnols toutes sensibilités confondues (la FEMP) renouvelle le triste constat de sa marginalité, qui est un héritage constitutionnel. On revient donc à la Transition avec un grand T. À l’époque, l’État régalien a été coupé en deux (un gouvernement, des autonomies à plusieurs vitesses pour faire une place à diverses nationalités). Les municipalités pouvaient apparaître comme un danger pour la jeune démocratie, car beaucoup étaient sous la coupe de notables indéboulonnables car adossés à l’échelon provincial. Dans cette fin des années 1970, la toute jeune démocratie post-franquiste ne pouvait pas se permettre de ne pas parvenir à changer.

Revenons au changement urbain, plus terre à terre. Imaginons un brownfield à réaménager. Dans tout projet de ce type, il y a deux étapes. Un, le matériel : déblayer le terrain, évacuer les ruines, bref dés-infrastructurer. Deux, l’idéel : rendre désirables les bâtiments futurs. En somme, ré-infrastructurer l’imaginaire par les images et les discours. Les municipalités du changement ont très bien fait les deux. Resserrons la focale : il y a en Espagne des dizaines de milliers d’emplois automobiles (Nissan-Barcelone, Ford-Valence, Renault-Valladolid, entre autres). Ces liens pèsent lourd dans la gouvernance des villes espagnoles et c’est pour cela que les sujets de politique de mobilité sont relativement présents dans ce texte. Les élus du changement ont fait tout ce qu’espère le nouveau capitalisme énergétique et industriel : ils ont diabolisé les modes de vie automobiles du XXe siècle (polluants, individualistes, etc.), ils ont dessiné l’espace public de demain – avec trottoirs XL pour trottinettes & co, vélos et bus à part. Les artères sont prêtes non pour les véhicules électriques (Elon Musk fait le même battage là-bas qu’ici pour faire payer par le public les battery factories) mais pour le véhicule autonome. Côté idées et images, les municipalités du changement lèguent à la nouvelle droite une smart city adoucie que celle-ci adopte sans difficultés. De toute façon, pas de risque que les cités espagnoles ne ressemblent jamais à cette vue de l’esprit.

Nacima Baron

GÉOGRAPHE, PROFESSEURE À L'UNIVERSITÉ EIFFEL

27 de abril de 2023

La politica de vivienda en España: un problema sin resolver

 La política de vivienda debiera haber sido la prioridad del Gobierno de España, de los anteriores y del actual. Es increíble que hayan transcurrido varias legislaturas sin, pese a la conciencia de que se tenía del tema, acometer el tratamiento y la solución de uno de los principales problemas a los que se enfrenta la sociedad española, y particularmente la juventud. El tiempo ha pasado y su magnitud no ha dejado de crecer. Basta observar la ínfima posición que España ocupa en la relación de paises europeos en el indicador de vivienda social por 100 habitantes.


Viviendas sociales por 100 habitantes en la UE



De pronto, deprisa y corriendo, como si no hubiera un mañana y bajo la presión electoral en ciernes, se trata de recuperar el tiempo perdido. Y, como era previsible, las medidas adoptadas, con un abundante arsenal de improvisaciones (ahora nos damos cuenta de que existían la Sareb y los terrenos de los cuarteles abandonados) emergen de manera precipitada, sin la evaluación previa y con la visión prospectiva que merecen, solapándose entre sí e incurriendo en contradicciones que ponen en entredicho su viabilidad y el logro, siquiera sea mínimo, de los resultados pretendidos.


Y es que una política de vivienda efectiva solo es posible si se cumplen dos requisitos: un gran acuerdo interinstitucional, dada la aplicación multinivel que presenta desde el punto de vista administrativo, y en el que el compromiso de los dos grandes partidos (de los que depende la gobernación del 90 por 100 de los ayuntamientos y la mayoría de las CCAA) es ineludible; y, una planificación a corto, medio y largo plazo, bien elaborada y con plazos bien estructurados.


Nada de esto se está haciendo en España, el país europeo en el que la cultura del territorio y su ordenación racionalizada más se echa de menos. Lo que ocurre con el agua es otro ejemplo fidedigno de esta insensibilidad, crónica y que permanentemente invita al escepticismo cuando de las medidas relativas a la adecuada ordenación del territorio y sus recursos se trata.

18 de abril de 2023

En defensa de una Nueva Cultura del Territorio

 

Entre los temas que ponen en evidencia la sensibilidad demostrada hacia los problemas esenciales de nuestro tiempo los referidos a las transformaciones que afectan al territorio han ocupado un lugar primordial, contempladas desde el enfoque multidisciplinar que distingue e interpreta el desarrollo de sus actividades como acreditado ámbito de encuentro, reflexión y debate. No es una preocupación baladí, pues a nadie se le oculta la trascendencia y el significado que poseen las intervenciones que, a diferentes escalas y con variables niveles de intensidad e impacto, afectan a los entornos en los que se desenvuelven y organizan las actividades humanas y las estructuras territorializadas de relación social, económica y cultural. Siempre he defendido, y sigo defendiendo, la idea de que todo tiene que ver con el territorio, como escenario y armazón vertebrador de cuanto sucede sobre la Tierra. Todas las disciplinas cultivadas por el ser humano remiten necesariamente a la toma en consideración de la dimensión espacial que, tanto en la fase de indagación como de experimentación, ofrecen. La experiencia obtenida del trabajo interdisciplinar no ha dejado de ratificar esta afirmación.

            Tal es la razón que justifica estas líneas como aproximación a un aspecto tan interesante como complejo, relativo a los fenómenos y las tendencias que caracterizan la evolución de las realidades contemporáneas, cuya dimensión territorial es incuestionable. No he tratado con ello de realizar un análisis pormenorizado y erudito sobre la cuestión, que ya he abordado con detenimiento en otras publicaciones a lo largo de mi trayectoria profesional, sino de plantearla como argumento susceptible de atraer la atención y, en la medida de lo posible, alentar el debate, máxime cuando son numerosos y reiterados los testimonios que revelan la incuria con la que tan a menudo es tratado el territorio en España. Los ejemplos son tan ostensibles, y tan presentes están en la mente de todos, que huelga cualquier referencia detalladas sobre un problema archiconocido y en ocasiones de una extraordinaria gravedad.

            Motivado por esta preocupación, me centraré en dos ideas que considero relevantes: de un lado, trataré de abordar un acercamiento al concepto mismo de territorio como noción sustantiva y primordial en el contexto de las preocupaciones sociales e institucionales; y, de otro, llamar la atención sobre un Documento que, promovido y debatido en el seno de la Geografía española, merece ser conocido y asumido con mayor resonancia que la que desde su formulación en la primera década del siglo XXI se le ha otorgado.

 

¿Qué entendemos por territorio? La cultura territorial como fundamento de las relaciones construidas entre la sociedad y el espacio geográfico

            Estamos ante una noción esencial, integradora de las diferentes perspectivas que confluyen en la interpretación y en la percepción de un espacio geográfico como soporte de la identidad cultural de una sociedad, de los procesos formativos que la vertebran y como garantía a su vez para orientar las decisiones mediante la toma en consideración tanto de sus potencialidades como de las amenazas a que se enfrenta. De su relevancia deriva el proceso de afianzamiento intelectual asociado a la construcción de una Nueva Cultura del Territorio. 

        Cimentado en las connotaciones que encierra el concepto de cultura, su aplicación específica reviste una gran trascendencia en la medida en que permite la asimilación perceptiva y práctica de las características que un territorio presenta desde el punto de vista de sus recursos, de sus ventajas comparativas y de sus fortalezas frente a las diversas amenazan o situaciones de riesgo a las que se enfrenta en función de los aprovechamientos ejercidos sobre él. Supone, por tanto, una garantía para que la intervención que sobre él se realice aparezca debidamente sustentada en un análisis riguroso de sus capacidades y de los límites que han de orientar las actuaciones a fin de que sus valores distintivos –aquellos en los que precisamente se asienta la dimensión socio-cultural del espacio- sean debidamente preservados.

            La cultura territorial, como expresión asociada a la consideración de lo que significa un espacio de vida, de actividad, de intereses y de relaciones, y poseedor de referencias e incitaciones culturales múltiples a la par que, integradas, se convierte en un valioso concepto catalizador de voluntades y estrategias, tanto desde la perspectiva individual como colectiva. Individualmente, supone un desafío para el desarrollo cognitivo y comportamental de la persona, en la medida en que estimula la curiosidad y alienta la capacidad de iniciativa que la permite avanzar en la aprehensión de la realidad territorial hasta asumirla como un elemento clave de su acervo cultural y como estímulo orientador de sus actitudes ante la realidad territorial en la que se inscribe. 

                De ese modo, los ciudadanos logran adquirir el nivel de sensibilidad necesario para entender el significado y la impronta de los cambios producidos en su entorno, comprender los factores que los motivan y valorar la magnitud de sus impactos, permitiéndole ejercer una función cautelar de las actuaciones. Asimismo, la relevancia del concepto radica también en su virtualidad para operar como noción aglutinante de posiciones colectivas, fortalecidas al amparo del conocimiento compartido y colectivamente asumido del territorio, que opera como factor de cohesión social y cultural y como posición activa en la defensa y salvaguarda de sus cualidades patrimoniales, entendidas como baluartes de necesaria e ineludible consideración en la toma de decisiones.

            De ahí su capacidad para plasmarse en la diversificación de las representaciones sociales de que es susceptible el territorio, coherente con la elaboración de posturas y comportamientos comunes materializados en redes asociativas o de colaboración que, estables y a la par cambiantes en el tiempo, redundan en efectos positivos a favor de la mejora de la calidad del territorio y de los vínculos fraguados entre éste y la sociedad. En ambos casos la labor informativa y formativa –sustentada en lo que ha de valorarse como un proceso de aprendizaje territorial permanente- desempeña una importancia capital, ya que contribuye a la transmisión del conocimiento y a la sistematización de los saberes que cristalizan en la toma de conciencia y en la mejora perceptiva de los fenómenos en los que, de cara a la acción, se apoya el respeto y la defensa del territorio en el que se inscriben dichas sensibilidades.  Al amparo de esta serie de consideraciones se justifica plenamente el tratamiento sistematizado con el que, desde el punto de vista estratégico y decisional, han de ser abordadas las medidas de intervención sobre el territorio.

 

Un hito esencial: el llamamiento a favor de una Nueva Cultura del Territorio

La elaboración del Manifiesto por una Nueva Cultura del Territorio (2006) por parte de la Asociación Española de Geografía  marcó en su día un hito indudable en la historia del pensamiento sensible en España relacionado con la magnitud e importancia de los problemas territoriales. Fue una importante llamada de atención sobre los aspectos que conviene recordar.

            Se parte de la idea que el territorio debe convertirse en un tema político de primer orden, entendiendo por político no únicamente la práctica institucional o partidaria, sino también el compromiso del conjunto de los ciudadanos. Cada ciudadano tiene derecho a vivir en un ámbito digno, sano y bello, pero también tiene el deber de cuidarlo y de exigir que velen por él quienes tienen la representación de la sociedad. Urge pues poner las bases de una nueva cultura territorial que impregne la legislación estatal y autonómica, que oriente la práctica de todas los ayuntamientos y el conjunto de las administraciones, que provea el marco adecuado para el buen funcionamiento del mercado, que corrija en beneficio de la colectividad los excesos privados y que haga prevalecer los valores de la sostenibilidad ambiental, la eficiencia funcional y la equidad social.

 

Esta Nueva Cultura del Tterritorio debe estar sustentada en los siguientes principios, criterios y prioridades:

 

  1. El territorio es un bien no renovable, esencial y limitado. La sociedad encuentra en él soporte o sustento material a sus necesidades, así como referente de su identidad y cultura. Las características naturales de cada territorio y las pervivencias en él de trazos y formas que provienen del pasado le confieren singularidad y valores de diversidad. Por ello, el territorio debe ser entendido como recurso, pero también como cultura, historia, memoria colectiva, referente identitario, bien público, espacio de solidaridad y legado. La nueva cultura del territorio debe tener como primera preocupación encontrar la forma para que, en cada lugar, la colectividad pueda disfrutar de los recursos del territorio y preservar sus valores para las generaciones presentes y venideras.

 

  1. El territorio es una realidad compleja y frágil. Toda realidad territorial, todo lugar, está compuesto de múltiples elementos naturales y culturales y de sus interrelaciones, que deben ser adecuadamente considerados. Las actuaciones con gran incidencia territorial (urbanización, obras públicas, extracción de minerales, roturaciones, forestaciones, etc.) tienen habitualmente consecuencias irreversibles. Por ello, deben realizarse con conciencia de dicha complejidad y evaluando previamente las múltiples repercusiones posibles. El principio de precaución es de imprescindible aplicación a todas estas transformaciones.

 

  1.  El territorio contiene valores ecológicos, culturales y patrimoniales que no pueden reducirse al precio del suelo. Estos valores sociales difíciles de medir en términos monetarios convencionales deben ser tomados sistemáticamente en consideración por las administraciones responsables de velar por sus cualidades y potencialidades. La apropiación privada de cualquier parte del territorio debe ser compatible con dichos valores; por ello, la propiedad del suelo y la vivienda debe ser ejercida con respeto de su función social, y con la asunción plena de la responsabilidad de potenciar su utilidad, su valor ambiental y su potencial paisajístico.

 

  1. Un territorio bien gestionado constituye un activo económico de primer orden. En efecto, la correcta gestión del proceso de urbanización permite reducir los costes de la movilidad para las personas y las empresas, contener los precios del suelo y la vivienda, así como moderar las cargas de la prestación de los servicios. Por otra parte, disponer de un entorno de calidad no sólo evita daños ambientales y de salud, sino que también confiere valor añadido a los productos y a los servicios, en particular los turísticos, básicos para la economía española. La gestión sostenible del territorio es ciertamente una obligación social y ambiental, pero resulta también un apremiante imperativo económico.

 

  1.  El planeamiento territorial y urbanístico es un instrumento esencial para la actuación de los poderes públicos. Así, frente a toda veleidad desreguladora, hay que defender la importancia de la legislación, la normativa y la gestión urbanística para el buen gobierno del territorio. Ahora bien, la práctica urbanística debe dotarse de nuevos horizontes y de nuevas herramientas disciplinares y administrativas. Sólo de esta forma dará respuesta a las necesidades sociales, propiciará la coordinación política horizontal entre distintos departamentos y fomentará la concertación vertical entre administraciones y con los agentes sociales. El conjunto de administraciones competentes debe propiciar pues una revalorización del planeamiento territorial y general, suprimiendo la utilización espuria de otros instrumentos de menor alcance espacial, pero con alta incidencia real, cuya aplicación abusiva ha tenido como consecuencia la urbanización masiva, desordenada e inadecuada de suelo rústico.

 

  1. El planeamiento municipal debe tener como principal objetivo facilitar el acceso a la vivienda, el goce de los servicios y la preservación del ambiente. El planeamiento municipal es la escala básica de la práctica urbanística, pero en demasiadas ocasiones los planes locales de ordenación están sirviendo casi exclusivamente para impulsar procesos de expansión urbana. Ante esta deriva, hay que defender planes municipales de ordenación que atribuyan valores positivos a todas y cada una de las partes del término municipal, basando el crecimiento urbano en criterios ecológicos y sociales, más allá de la simple consideración de la oportunidad económica o de ocasionales negocios particulares inmediatos. En particular, debe abandonarse la concepción del suelo rústico como un espacio residual, perennemente pendiente de urbanización futura y comprender que la permanencia de suelos rústicos destinados a las prácticas agrarias se hace imprescindible por razones ambientales y ecológicas, incluso en los contextos espaciales de las mayores ciudades y aglomeraciones urbanas. La defensa del espacio abierto, como matriz territorial básica es hoy una prioridad que debe ser perseguida adecuadamente, incluso mediante procedimientos de adquisición de tierras y/o expropiación por interés social.

 

  1. El planeamiento territorial debe proveer de acuerdos básicos sobre el trazado de las infraestructuras, el desarrollo de los asentamientos y el sistema de los espacios abiertos. En un territorio crecientemente integrado el planeamiento municipal no puede hacer frente por si solo a las dinámicas de transformación del espacio. Por ello hoy es más necesario que nunca disponer de un planeamiento a escala territorial que coordine y vincule el planeamiento municipal, en pos de un nuevo modelo de urbanización, basado en el ahorro en el consumo de suelo, la convivencia de usos y la cohesión social. El planeamiento territorial debe ser un compromiso a la vez general y suficientemente concreto, por cuyo cumplimiento y desarrollo será evaluada la actividad política de los partidos y responsables públicos que lo formulan y aprueban. Sobre las Comunidades Autónomas recae la gran responsabilidad de demostrar una mayor voluntad política de ordenar su territorio superando la situación creada casi exclusiva del planeamiento urbanístico. Deben aumentar su capacidad administrativa y técnica para realizar planes de ordenación y de hacer real el orden territorial que se propongan tener. Es imprescindible la formulación de modelos de ordenación territorial para ámbitos metropolitanos, litorales y de espacios rurales, con ciudades medias y/o espacios naturales protegidos.

 

  1. El Gobierno central y las Cortes Generales del Estado no pueden desentenderse del territorio. Con pleno respeto a las competencias que la Constitución española otorga a las Comunidades Autónomas y a los municipios en ordenación territorial y urbanismo, la administración general del Estado no puede dejar de considerar el territorio como parte de sus responsabilidades La legislación del Estado debe requerir a las administraciones competentes la atribución de valores sociales positivos a todas las partes del territorio español, puesto que todas ellas afectan a la calidad de vida de los ciudadanos, todas tienen funciones naturales, ecológicas o ambientales y en todas ellas se plasman rasgos históricos y del patrimonio cultural. Sobre el gobierno central recae igualmente la responsabilidad de revisar y proponer el consenso relativo a un nuevo modelo de financiación para los gobiernos locales que responda a los principios de suficiencia financiera y adecuación de recursos a los servicios reales que deben prestar.

 

  1. En un mundo crecientemente integrado la gestión del territorio debe atender también a los compromisos de solidaridad y responsabilidad global. El Estado español ha suscrito y/o ratificado diferentes acuerdos internacionales (Convención sobre conservación y protección de la vida silvestre y el medio natural, Berna, 1979; Carta Europea de Ordenación del Territorio, Torremolinos 1983; Convención para la protección del patrimonio arquitectónico de Europa, Granada 1985; Declaración de Río de Janeiro sobre el medio ambiente y el desarrollo, 1992; Estrategia territorial europea, Postdam, 1999; Principios directores para el desarrollo territorial sostenible del continente europeo, 2000, Hanover; Convención europea del paisaje, Florencia, 2000). En estas circunstancias, las administraciones públicas españolas están obligadas a seguir las orientaciones que en ordenación del territorio desarrollan otros estados europeos de forma consecuente con dichos tratados y con repercusiones muy positivas para sus ciudadanos.

 

  1.  El impulso de los valores de sostenibilidad ambiental, eficiencia económica y equidad social requiere de una nueva cultura del territorio. Para promoverla es necesario un gran acuerdo que debe tener su reflejo tanto en la actuación administrativa como en las prácticas sociales. Así, las administraciones que actúan en cada nivel territorial (local, autonómico, estatal y europeo) deben revisar sus objetivos, sus normativas e instrumentos de gestión territorial para ponerlos de forma más efectiva al servicio de la colectividad. Y los ciudadanos, al mismo tiempo que reclaman el derecho de un trato equitativo en cualquier territorio, tienen también el deber ético de velar por el bienestar de las generaciones venideras.

 

            Trece años después de su promulgación el Manifiesto ha sido sometido a una revisión que, asumiendo la envergadura de los cambios ocurridos en la realidad española y en las escalas en las que se integra, ha cristalizado en la ADDENDA 2018, cuya consulta recomiendo al constituir un complemento necesario que avala la continuidad y la pertinencia de las ideas maestras plasmadas en el Manifiesto dado a conocer en 2006.  

6 de abril de 2023

Los principales desafíos del modelo energético europeo: la integración como necesidad estratégica

 

Si la crisis provocada por la invasión rusa de Ucrania el 24 de febrero de 2022 ha dado lugar a importantes, y posiblemente en algunos casos irreversibles, impactos en la estructuración de los ya inestables equilibrios en que se apoya el mundo contemporáneo, las tensiones de toda índole desencadenadas en la Unión Europea, y dada la proximidad geográfica a los escenarios de conflicto, alcanzan una extraordinaria envergadura. No en vano, la situación crítica en que se ha visto envuelta ha traído consigo una gran variedad de impactos, ocasionados tanto en las lógicas específicas de funcionamiento interno como en las directrices que orientan la configuración de sus vínculos a escala internacional.

            Sin duda, una de las manifestaciones más patentes y problemáticas de los virajes impuestos por la situación creada la ofrecen los aspectos relacionados con la regulación de los mercados energéticos. Aunque no resulta fácil plantear la complejidad de la cuestión y sus expectativas en el reducido espacio disponible, trataré, a modo de aproximación, de apuntar algunas de las ideas claves que gravitan en torno a ella y a sus expectativas de futuro.

            Como punto de partida se deben reconocer las insuficiencias que, desde un punto de vista organizativo y logístico, ha presentado tradicionalmente el funcionamiento del mercado energético en un espacio concebido para la integración económica y la cohesión social. En esencia, y como es sabido, se ha carecido de una política energética europea propiamente dicha. Gravitando en función de las estrategias acometidas por los diferentes Estados, la crisis desencadenada por el conflicto bélico ha puesto al descubierto la ineficiencia de los instrumentos reguladores de los mercados del gas y la electricidad.

            Los diagnósticos realizados al respecto arrojan un balance muy crítico, que centra la atención en varias disfunciones concatenadas. La primera tiene que ver con el sistema de fijación de los precios, que deriva en costes excesivos con la consiguiente repercusión negativa sobre los consumidores al tiempo que favorece un enriquecimiento exagerado de los grandes grupos empresariales, lo que ha contribuido a reforzar sobremanera la estructura oligopolística del sector. Pese a que el método clásico de aplicación del precio de la electricidad había sido defendido por las autoridades comunitarias, dando lugar a una inercia que parecía asumida, la crisis ha revelado con claridad las distorsionesocasionadas por el sistema marginalista, basado en el recurso inicial a las energías más baratas (renovables, nuclear) para utilizar, si no fuesen suficientes, el gas natural que acaba determinando el precio del conjunto.  

La sustitución de las centrales térmicas de producción eléctrica por las de ciclo combinado como generadoras de energía de último recurso y como respaldo casi permanente de las renovables justifica que el ciclo combinado condicione sobremanera el precio de la electricidad con la consiguiente elevación de costes que conlleva. Este sistema ya demostró su carácter problemático cuando en 2021, cuando ya era perceptible la manipulación sobre el producto ejercida por Rusia y en virtud de los acusados comportamientos especulativos y de posible abuso de poder de mercado que lo caracterizan, el precio del gas experimentó un incremento del 707 % - de 13,8 a 111,7 euros el MWh - en el mercado TTF (Title Transfer Facility) holandés para superar ampliamente este umbral tras la invasión de Ucrania, hasta llegar a los 343 euros MWh en agosto de 2022.

            Como era previsible las tensiones desencadenadas por la guerra han trastocado el panorama energético que se ha convertido en el apartado más sensible y preocupante del escenario comunitario europeo al poner especialmente en evidencia los riesgos que derivan del escaso e insuficiente nivel de integración que caracteriza el funcionamiento de los mercados del gas y la electricidad en la Unión Europea. Solo así es posible interpretar las actuaciones emprendidas a partir del verano de 2022, cuando se observa, más allá de las iniciativas abordadas por los Gobiernos en sus respectivos países, un notable cambio de rumbo que sin duda ha de tener una importancia decisiva en la modificación de algunos de los postulados estratégicos hasta entonces aplicados.

            Especial interés reviste en este sentido la aprobación por parte dela Comisión Europea el 14 de junio del “mecanismo ibérico” que permite a España y Portugal la aplicación de topes al precio del gas a fin de abaratar el coste de la electricidad. Las declaraciones efectuadas por la presidenta Von der Leyen descalificando el modelo del mercado eléctrico vigente y preconizando “una reforma enorme y urgente” del sistema evidencian hasta qué punto la necesidad de una ruptura de los mecanismos vigentes es asumida sin equívocos ni ambigüedades. En coherencia con estos planteamientos, y con el fin de promover mecanismos de solidaridad, cobra fuerza la idea, formulada por la responsable de la Comisión en el mes de septiembre a instancia de quince Estados miembros, a favor de fijar un límite de precio al gas ruso, poniendo en entredicho el valor referencial otorgado al TTF mientras apuntaba a la necesidad de elaborar un criterio de referencia congruente con la experiencia vivida y los nuevos enfoques reorientativos del sector.

            En este contexto, y teniendo en cuenta además las incertidumbres que aquejan al territorio europeo, resulta lógico que haya hecho acto de presencia en el seno de la Unión un debate muy intenso, que persigue transmitir ante la opinión pública la idea de que existe una voluntad efectiva de cambio, apoyada en un argumento central: la necesidad de configurar y potenciar un “mercado único energético”, considerada como la estrategia capaz de paliar, e incluso de evitar, la situación creada por la crisis bélica. Se trata de abogar por una estrategia sustentada sobre dos pilares básicos: la revisión del mecanismo de formación de los precios, por un lado, y, por otro, la armonización del mercado energético, asegurando el mantenimiento de los flujos transfronterizos.

            Por lo que concierne al primer aspecto, y ante la situación de urgencia planteada, la opción a corto plazo no puede ser otra que la de adopción de medidas excepcionales de reducción de la demanda de electricidad – de ahí el objetivo general de minorar la demanda global de electricidad al menos del 10% hasta abril de 2023 -  que posibiliten, a la par que se insiste en la mejora de la eficiencia energética,  una disminución del coste para los consumidores y la redistribución de los excedentes a los clientes finales, planteadas como medidas asociadas en el tiempo a la fijación de impuestos a los beneficios extraordinarios de las compañías y el establecimiento de un precio límite al gas. Tal ha sido uno de los propósitos esenciales de la reunión informal celebrada por el Consejo Europeo en Praga (6 y 7 de octubre de 2022) cuando por vez primera se aborda esta limitación, que inicialmente se concibe con carácter temporal.

 Y, en relación con el segundo gran objetivo, cuya trascendencia económico-geográfica se muestra incuestionable, la crisis ha reactivado las razones que con anterioridad habían puesto especial énfasis en la importancia de las infraestructuras energéticas a escala de todo el espacio común, sobre la base de un argumento crucial: los beneficios que aportan al crecimiento económico al favorecer una reducción de los costos de la energía para los ciudadanos y las empresas. Los datos en este sentido son elocuentes ya que en 2016 se estimaba que los beneficios de la integración plena podrían alcanzar los treinta mil millones de euros anuales con el horizonte de 2030 – fecha fijada para la descarbonización – para el mercado del gas y de cuarenta mil millones para el de la electricidad. En esta línea han abundado sistemáticamente los planes contemplados por el Banco Europeo de Inversiones, aunque obviamente la Entidad insiste en la necesidad de armonizar las reglamentaciones y los instrumentos de apoyo por parte de los Estados, de modo que se alcance la unificación de los códigos aplicados a las redes europeas de gas y electricidad, en un proceso sintonizado con los objetivos de aplicación del Pacto Verde Europeo.

22 de marzo de 2023

Reflexiones en torno a los impactos de la Covid 19: un debate inconcluso

 

Cuando han transcurrido tres años desde la aparición de la pandemia causante del fallecimiento de (cifra aproximada) 17 millones de personas en el mundo la perspectiva apoyada en las variables y en los elementos de juicio disponibles induce a reflexionar sobre sus implicaciones más significativas. Y es que, como se ha podido ver de manera reiterada, la pandemia ha contribuido con fuerza a la reactivación de reflexiones y debates que ya estaban latentes como reacción a los impactos provocados por la crisis financiera de 2008. Aunque las motivaciones de una y otra son distintas, no están ausentes de los rasgos y las tendencias que definen un panorama repleto de problemas irresueltos, que inducen necesariamente a la reflexión con fines interpretativos susceptibles de facilitar la corrección de factores y situaciones con frecuencia asociados a su desencadenamiento. Y es que no en vano una epidemia constituye, como señala Laurence Monnais, una “realidad multifactorial, necesitada de una salud pública interdisciplinar”.  

            Son, en esencia, grandes y perentorios desafíos intelectuales suscitados ante la necesidad de dar respuesta a problemas acuciantes que, de forma general, quedaron identificados con los efectos de la globalización, un fenómeno positivamente valorado en sus fundamentos básicos para acabar sometido a evaluaciones críticas, que incluso apuntan al fin del orden liberal globalizado,  y a la elaboración de propuestas alternativas, acordes con la necesidad de un modelo socialmente más equitativo, más sostenible desde el punto de vista ambiental y, por ende, fiel a los ineludibles compromisos a que obliga la lucha contra el calentamiento global, de gravedad creciente. Estamos asistiendo, y en un momento crítico de la geopolítica mundial, a una etapa abierta a la búsqueda de nuevos horizontes interpretativos, exigentes en autocrítica y en labor prospectiva de cara a una visión a medio y largo plazo de los procesos que han de afectar a las sociedades tanto individual como colectivamente.

            Con la perspectiva temporal disponible resultan patentes las disrupciones que está trayendo consigo desde el punto de vista territorial hasta cimentar las bases de un replanteamiento de las realidades espaciales a partir de las nuevas formas de relación entre las sociedades y los entornos en los que se organizan y desenvuelven. No en vano el patógeno SARS-CoV-2 se ha convertido, como afirma Michel Lussault,, en un potente operador geográfico que incide sobre el Sistema-Mundo, dando lugar a transformaciones que en esencia se corresponden con una performance geográfica global. Convendría detenerse en lo que significa este fenómeno con el fin de apreciar el alcance de los cambios, ya producidos o en vías de hacerlo, en la configuración de las realidades espaciales, afectadas – o en vías de afectación - por rupturas flagrantes respecto a las tendencias consolidadas en la etapa previa al desencadenamiento de la peste.

            A modo de aproximación a un tema cuyos perfiles se encuentran todavía pendientes de constataciones bien definidas, cabe estimar que los procesos detectados gravitan en torno a tres tendencias fundamentales, que operan como argumentos determinantes de nuevos comportamientos y estrategias. Abiertos al debate, a la contrastación empírica y a la reflexión prospectiva, no son sino la plasmación de metamorfosis decisivas en las formas de vida y en la manera de entender las cambiantes relaciones que las sociedades mantienen con el espacio y con el tiempo. Un fenómeno solo entendible desde la visión del “tiempo largo de las epidemias”, de que habla Jeoffrey Vigneron.

            - En un mundo hiperconectado la evolución de la enfermedad y la consecuente crisis sanitaria han puesto al descubierto la espectacular capacidad de propagación del virus, plenamente superado el condicionamiento de la distancia. El hecho de que los impactos hayan sido comprobados simultáneamente en escenarios tan distantes entre sí ha revalidado la percepción de un mundo compartido, entendible en su globalidad y complejidad, y en el que la difusión de la enfermedad elimina por completo la sensación limitativa de la discontinuidad fronteriza, por más que ésta se haya utilizado como medida profiláctica frente al contagio. Situados ante la epidemia más documentada de la Historia, se ratifica la envergadura de sus implicaciones merced al caudal de datos generados por la numerización masiva del conocimiento. No es posible sustraerse en un contexto así a la toma en consideración de sus manifestaciones espaciales como son las relacionadas con su incidencia en la exacerbación de las desigualdades sociales (en función del género, del nivel social y del origen geográfico), en el agravamiento de la brecha tecnológica como factor clave de diferenciación socio-espacial, en el deterioro de las formas de trabajo – “los trabajadores invisibles”, de que hablan Nicolas Dagorn y Luxemburg -, en la afectación de las relaciones sociales y de la propia vida, hasta el punto de que la alteración de los comportamientos ha sido calificada como “la servidumbre de los cuerpos”. Todo ello sin olvidar los contrastados niveles de calidad y efectividad de los servicios asistenciales, sometidos a presiones que han mediatizado su capacidad de respuesta para asumir el incremento exponencial de las necesidades a que se han enfrentado los sistemas públicos de atención sanitaria. 

- Por otro lado, y como corresponde al hecho de que la pandemia desencadena una triple crisis (política, económica y cívica) los respectivos espacios de vida se han visto afectados de manera generalizada en función de los hábitos inducidos por el obligado confinamiento y el repliegue a favor de la salvaguarda de la privacidad como réplica a la aglomeración social, entendida como ámbito desestimable. La reclusión se atiene a la dosis de sacrificio y renuncia que antepone la seguridad a la libertad, como forma de autoprotección y como eliminación de las dudas e inseguridades que suscita el hecho de encontrarse ante una situación de riesgo letal e imprevisible. Si esta disyuntiva ha seguido respondiendo a los mismos esquemas valorativos que Watts planteaba en su Elogio de la inseguridad en los años cincuenta, no estaría de más invocar la elocuente y oportuno reflexión de Delumeau, para quien “la inseguridad no nace solo de la presencia de la enfermedad sino también de la desestructuración de los elementos que construyen el entorno cotidiano, en el que todo es diferente”.   En este contexto cobra fuerza el empeño por avanzar en el aprovechamiento de las ventajas inherentes a la modelización de los fenómenos y tendencias observados. Particularmente considero oportuno traer a colación la idea planteada a los pocos días del estallido generalizado de pandemia por la prestigiosa Revista Science (número 367, de 27 de marzo de 2020) al subrayar que  “with COVID-19, modeling takes on life and death importance. Epidemic simulations shape national responses“.

 

-Y, como observación aún pendiente de verificaciones contrastadas, no es descartable que el binomio espacio-tiempo se muestre en gran medida trastocado por las nuevas lógicas que tienden a alterar la configuración física de los territorios. A ello han de contribuir decisivamente dos factores decisivos: de un lado, las restricciones y cautelas aplicadas a uno de los soportes que en mayor medida han sustentado la dimensión del proceso globalizador, como es el ejercicio de la movilidad a todas las escalas, en la que el transporte colectivo aparece sujeto a profunda revisión; y, de otro, la modificación de las pautas de conducta asumidas por las personas y las empresas en un contexto propicio además a la recuperación de la confianza en el Estado. Sobre la confluencia de ambos procesos descansan nuevos horizontes estratégicos, cuyo alcance sorprende antes de que sus efectos se plasmen de manera explícita. De ellos deriva lo que se ha venido en definir como un “capitalismo de plataforma”, que se fundamenta en la explotación de la información y en el despliegue de una potencia formidable para el desarrollo del comercio electrónico, en la importancia asignada a los algoritmos que sustentan la inteligencia artificial y su logística con el consiguiente impacto en el trabajo, en la enseñanza a distancia y en la propia transformación de los servicios (telemedicina), el uso de la energía y los sistemas productivos industriales (vehículos autónomos, equipos médicos, etc.). 

Y, si observables son también en las reestructuraciones habidas en el uso formativo y recreativo del espacio y en la intensificación del trabajo no presencial, no carecen de importancia los fenómenos que repercuten en la concepción, con criterios alternativos, de la ordenación de los ámbitos urbanos y rurales, así como de las interrelaciones producidas entre ambos, en el replanteamiento funcional de las actividades educativas o, como hecho de enorme trascendencia, en la proyectada reordenación de las cadenas mundiales de valor, mediante la revisión a fondo del modelo de integración asimétrica de la producción industrial a que ha conducido un proceso deslocalizador hoy cuestionado al amparo de una mundialización en crisis.  Ivan Krastev lo ha señalado con gran expresividad: “ha hecho falta que llegara un virus para poner al mundo patas arriba”.